16.1.10

Dèy sé kyè

J'ai jamais mis les pieds en terre d'Haïti. Pourtant, j'ai depuis toujours un faible pour ce pays et son peuple. D'abord dire que j'ai vu le jour sous le regard bienveillant d'un haïtien. Peu après, un autre médecin haïtien m'a sauvé la vie. Plus tard, j'ai eu la chance de côtoyer des membres de la diaspora; des gens fiers et pleins d'esprit. Je me suis même appliqué un temps aux rudiments du créole, charmé par les échanges en cette langue de deux anciennes collègues de travail. Haïti, c'est un peu ma patrie imaginaire.

Aussi j'ai du mal à décrire à quel point cette catastrophe m'afflige. Comme plusieurs je suis là, devant mon écran, horrifié par les images et les témoignages. Simplement concevoir le cauchemar de ceux qui ont survécu m'abasourdit. Certains là-bas vantaient le calme et la dignité des gens de Port-au-Prince. J'aimerais y croire. Mais n'est-ce pas plutôt de la stupeur? Ou une forme salutaire d'anesthésie de l'âme? Qui avant le courage ou la volonté, permette de surmonter une si épouvantable épreuve?