20.11.09

Ma distinguée clientèle

À mon commerce, je rencontre en moyenne une centaine de personne par semaine. Des clients nouveaux, occasionnels ou réguliers, dans une proportion égale. Sans compter ceux avec qui je communique par téléphone ou par courriel. Ça fait beaucoup de monde.

La vaste majorité sont des bonnes personnes. Pour la minorité, que j'évalue à entre quatre et cinq pour cent, j'ai hérité de mes géniteurs un sixième sens. Il me permet de discerner au premier contact les mauvaises personnes. Je suis d'une nature méfiante, assez observateur et fin psychologue. Dans mon entourage, tous s'entendent pour dire que j'aurais fait un excellent enquêteur de police ou d'assurance. Les rares fois où je me trompe m'étonnent toujours. Comme le cas du peintre évoqué au début de ce blogue.

J'en viens à mon histoire. Un type se présente à mon commerce. Il retourne un outil. Il connait déjà deux de mes employés par leurs prénoms, lui qui n'avait jamais loué chez moi auparavant. Il n'avait ni permis de conduire, ni carte de crédit, une tierce personne ayant servie de caution. Un authentique charmeur, très bavard et tout en douceur apparente. Ses contacts visuels sont indirects et furtifs. Il donne des directives au cellulaire, règle sa facture, fait du coq à l'âne et complimente mon service, tout ça en même temps, avec l'assurance suspecte de celui qui sait comment confondre, par un savant dosage de calme et de fébrilité. Il quitte les lieux puis j'explique à mes employés qu'ils doivent se méfier de lui au plus haut point.

Quelques semaines plus tard, le spécimen me donne raison.