12.7.09
Ludwig Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus (version condensée)
1 Le monde est tout ce qui est le cas.
1.1 Le monde est la totalité des faits, pas des choses.
1.2 Le monde se divise en faits.
2 Ce qui est le cas, le fait, est l'existence d'états de choses.
2.04 La totalité des états de choses existants est le monde.
2.06 L'existence des états de choses et leur non existence est la réalité. (L'existence des états de choses et leur non existence nous les nommons respectivement aussi fait positif et fait négatif.)
2.12 Une image est un modèle de la réalité.
2.141 Une image est un fait.
2.172 Une image ne peut représenter sa forme; elle la montre.
2.19 Les images logiques peuvent représenter le monde.
2.223 Afin de déterminer si une image est vraie ou fausse, nous devons la comparer à la réalité.
2.224 Il est impossible de dire qu'une image est en elle-même vraie ou fausse.
3 L'image logique des faits est la pensée.
3.01 La totalité des pensées vraies est une image du monde.
3.1 Dans une proposition, la pensée exprime ce qui peut être perçu par la sensibilité.
3.3 Seules les propositions ont un sens; un nom a un sens uniquement dans le contexte d'une proposition.
3.332 Aucune proposition ne peut affirmer quelque chose sur elle-même, puisqu'aucun signe propositionnel ne peut être contenu en lui-même (voilà l'essentiel de la 'théorie des types').
4 La pensée est la proposition pourvue de sens.
4.001 La totalité des propositions est le langage.
4.003 La plupart des propositions et questions des oeuvres philosophiques ne sont pas fausses mais dépourvues de sens. En conséquence, on ne peut y répondre. On peut seulement dire qu'elles sont insignifiantes. La majorité de ces propositions et questions dérivent d'une incompréhension de la logique du langage. (Comme la question de savoir si le bien est identique au beau.) Et il n'est pas étonnant que, dans les faits, les plus profonds problèmes n'en sont pas.
4.0031 Toute philosophie est une 'critique du langage' (...) la forme logique d'une proposition peut n'être qu'apparente.
4.11 La totalité des propositions vraies sont l'ensemble de la science naturelle.
4.21 La proposition la plus simple, la proposition élémentaire, affirme l'existence d'un état de choses.
4.461 Les propositions montrent ce qu'elles disent; les tautologies et les contradictions montrent qu'elles ne disent rien. (...)
4.464 La tautologie d'une vérité est certaine, celle d'une proposition est possible, celle d'une contradiction est impossible.
5 La proposition est une proposition de vérité des propositions élémentaires.
5.6 Les limites de mon langage signifient les limites de mon monde.
5.61 La logique remplit le monde: les frontières du monde sont ses limites. (...)
5.621 Le monde et la vie sont un.
5.63 Je suis mon monde (Le microcosme).
6 La forme générale de la fonction de vérité est : [p, ξ, N(ξ)]. C'est la forme générale de la proposition.
6.13 La logique n'est pas une doctrine, mais une image miroir du monde. La logique est transcendentale.
6.2 Les mathématiques sont une méthode logique. Les propositions des mathématiques sont des équations, et par conséquent des pseudo-propositions.
6.21 Aucune proposition mathématique n'exprime une pensée.
6.41 Le sens du monde doit se situer en dehors du monde. Dans le monde tout est comme il est, tout se passe comme cela arrive: on n'y trouve aucune valeur - et si celle-ci existait, elle serait sans valeur. S'il y a une valeur qui a une valeur, s'il y a un sens, il doit se situer en dehors de la sphère de ce qui se passe et est le cas. Parce que tout ce qui se passe et est le cas est accidentel. Ce qui le rend non-accidentel ne peut se situer dans le monde; il deviendrait alors accidentel en lui-même. Il doit se situer en dehors du monde.
6.431 Comme avec la mort le monde ne s'altère pas, mais atteint une fin.
6.4311 La mort n'est pas un événement de la vie: nous ne vivons pas pour expérimenter la mort. Si l'on entend par éternité non la durée infinie mais l'intemporalité, alors la vie éternelle appartient à ceux qui vivent dans le présent. Notre vie est aussi sans fin que notre champs de vision est sans limite.
6.44 Ce n'est pas comment le monde est qui soit mystique, mais qu'il existe.
6.54 Celui qui comprend mes propositions reconnaît qu'elle sont vides de sens. Comme qui, surmontant un obstacle après avoir grimpé un par un les barreaux d'une échelle, se débarrasse ensuite de celle-ci. Il aura alors une vue juste du monde.
7 Ce dont on ne peut parler, il faut le taire.