Cet homme souffrait d'une forme d'épilepsie qu'aucune médication ne pouvait endiguer. Croyant s'attaquer à la racine du mal, un médecin de l'époque lui amputa la majeure partie des hippocampes. Il avait 27 ans. Cette discutable chirurgie le guérira de ses crises mais le privera de presque toute sa mémoire à moyen ou long terme. Toujours conscient bien que sans passé, il saluait ses visiteurs, se reconnaissait dans un miroir mais oubliait ce qu'il avait mangé la veille.
Sa mauvaise fortune a néanmoins amélioré notre compréhension des mécanismes de la mémoire, beaucoup plus complexes qu'on ne le soupçonnait. Jamais ennuyé, il se prêtait de bonne grâce à études et entrevues. La neuropsychologue Suzanne Corkin a longuement étudié son cas. Elle relate que, l'ayant questionné tard dans sa vie sur le fond de ses pensées, il ait répondu I'm not a boy.
Ce qui m'a fait penser à cette parole de Gaston Miron :
Hommes, souvenez-vous de vous en d'autres temps.